La Clusaz repense son modèle économique et environnemental

Vers la création d’un nouveau bassin d’alimentation en eau potable à La Colombière
« Nous avons besoin de renforcer et sécuriser nos ressources en eau potable !
Les ressources en eau souterraines sont tributaires des conditions hydrogéologiques…. et celles-ci ne sont pas favorables sur le territoire de la commune. Les principales ressources, dans les massifs subalpins, du Vercors aux Aravis, sont contenues dans les couches de calcaires massifs qui les structurent et qui collectent les eaux précipitées ou dans les alluvions de fond vallée alimentées par les cours d’eau.
A la Clusaz, les alluvions de fond de vallée sont peu développées et là où elles le sont, la ressource est déjà captée. Les calcaires largement affleurant dans la chaîne des Aravis donnent naissance à la principale ressource qui alimente la commune. Cette ressource karstique est tributaire comme toutes les ressources karstiques, du régime des précipitations et est caractérisée par de très grandes variations de débits entre les périodes de hautes et basses eaux.
Ailleurs, sur le territoire de la commune, les terrains peu perméables dominent (schiste, grès et moraines gravelo-argileuse). Leur porosité, la superficie de leurs affleurements ne permettent pas d’emmagasiner de grande quantité d’eau et de constituer les réservoirs souterrains dont la collectivité a besoin pour renforcer et sécuriser ces ressources en eau potable.
Tous ces éléments ont conduit à considérer comme solution la plus robuste, la création d’une retenue d’altitude. »
Didier Thévenet ne manque pas de rappeler l’époque des années 60 lors desquelles l’eau était coupée « la nuit pour remplir les réservoirs » ainsi que les sécheresses de 1976, 2003 et 2018, « sans parler de celles à l’avenir, plus nombreuses et plus fortes ». Ainsi, même si le volume de précipitations ne devrait pas varier, les épisodes extrêmes (intensité des épisodes de pluie ou sécheresse) seront de plus en plus marqués et présents. Si l’eau potable n’est pas captée lors de ces épisodes, les risques de pénurie en eau vont augmenter. Les retenues existantes sont alimentées par des eaux de ruissellement dont la qualité n’est pas compatible avec les critères de potabilité. L’ARS -Agence Régionale de Santé- a par ailleurs rappelé la nécessité de s’équiper rapidement d’une telle réserve d’eau potable, et de la protéger.
En l’absence de réserves souterraines suffisantes au lieu-dit le Bossonnet, il est devenu nécessaire de « mettre toutes les cartes sur la table ».
Entre les quatre bassins existants (Crêt du Merle, la Ferriaz, l’Étale, le Lachat) et les sept autres lieux étudiés (dont le col des Aravis ou encore le lac des Confins), c’est finalement l’option du bassin de La Colombière qui a répondu aux exigences du conseil municipal et correspond aux besoins futurs en eau potable et en neige de culture (148 000 m³).
Cet espace n’empiète pas sur la zone Natura 2000 (seul l’accès existant au site se situe, pour partie, au sein du périmètre). Les autres retenues sont le réceptacle des eaux de ruissellement impropres à la consommation. Le nouveau bassin d’altitude de La Colombière sera alimenté, quant à lui, par des sources et de l’eau potable pour la consommation humaine. Son périmètre d’accès sera protégé.
Le conseil municipal du 29 avril 2021
Visionnez la séance du conseil municipal durant laquelle le projet de création de la retenue de la Colombière a été approuvé.
Imaginer la transition, un autre avenir et agir
La Clusaz a pris un nouveau virage et s’est engagée dans un processus de transition environnementale, économique et touristique. Ainsi, les premières décisions de transition de la nouvelle équipe municipale ont marqué les esprits :


- Refus officiel aux projets d’extension du domaine skiable et d’équipement de la combe de la Creuse.
- Refus de l’urbanisation du secteur des Chenons et de l’implantation d’un grand village club.
- Gel de certaines opérations immobilières créatrices de lits froids.
Ces engagements majeurs et courageux attestent de la volonté locale de se tourner vers un modèle alternatif plus diversifié tout au long de l’année, à l’image de La Clusaz, village ouvert et vivant, et une gestion respectueuse de son patrimoine naturel et environnemental
« La priorité, c’est d’avoir une politique de l’habitat plus performante et de placer l’environnement au cœur de chaque projet »
Bilan carbone & observatoire environnemental
Vers la sortie progressive du tout-ski…
Financée par le ski
Étonnement, la sortie du tout-ski passera par le ski.
- Le ski est une activité « redistributive ». 1€ de recettes engendrées par les remontées mécaniques génère 7€ de retombées économiques locales, y compris pour les activités dans les territoires de proximité.
- Le ski est un loisir créateur d’emplois. À La Clusaz, le tourisme crée 2000 emplois locaux, directs et indirects.
- Le ski participe au développement des territoires. La SATELC, gestionnaire des remontées mécaniques de La Clusaz, est une société d’économie mixte, qui réinjecte une partie de ses revenus dans le développement local. Elle est fortement impliquée dans le processus de transition et participe activement à la création de nouvelles activités multi-saisonnières. Des pistes encore à l’état de projets sont envisagées comme le vélo sous toutes ses formes, l’implantation d’activités alpines de loisir et de découverte ou encore des “micro-aventures”. La commune s’est ainsi lancée dans l’élaboration d’un master plan de diversification de ses équipements touristiques, sportifs, culturels et de loisirs qui permettra de définir la colonne vertébrale de notre désaisonnalisation à l’année des activités (montant 81 000 euros HT). Un chiffre d’affaires annuel moyen de 20 millions € permettrait à la SATELC de participer au financement des différentes transitions environnementales et touristiques dans les 30 prochaines années.
- Le ski à La Clusaz profite d’une situation géographique de choix, à proximité des grands pôles urbains tels qu’Annecy, Genève et Lyon, puissants leviers de diversification.
De nombreuses pistes de développement sont à l’étude. Les différents services de la mairie, élus et socioprofessionnels locaux, l’office du tourisme, la SATELC planchent sur de nouvelles perspectives. Mais leur réflexion est ouverte sur le monde et se nourrit de multiples études. La Clusaz s’est constamment réinventée, et reste à l’écoute des locaux, des think-tank et des meilleurs spécialistes qui travaillent sur le sujet.
Le ski, la véritable histoire de La Clusaz
Le ski est au cœur de La Clusaz et patrie du freeski. Elle a offert à la France rêves, champions et médailles en masse. Guy Périllat, Candide Thovex, Edgar Grospiron, Régine Cavagnoud, Raphaëlle Monod, Vincent Vittoz, Loic Collomb Patton, André Maszewski, Alain Pessey, Sébastien Michaud… font partie de la longue litanie des Cluses, légendes mondiales du ski. Ceux d’aujourd’hui et de demain sont déjà au devant de la scène dans l’alpin, le nordique le biathlon, le freestyle, l’alpinisme…
Au-delà des champions, le ski c’est aussi l’histoire du développement de La Clusaz. Arrivé dans les années 20, son développement après-guerre autour du village séculaire a permis d’éviter l’exode rural, de fixer une population villageoise et d’accélérer une économie locale présentielle. Et comme l’évoque Didier Thévenet, Maire de La Clusaz, « sans histoire, pas d’avenir ».
Naturellement, il ne s’agit pas de renoncer au ski, mais bien de conforter la pratique et le domaine skiable sans l’étendre, en tentant de diminuer chaque année l’impact sur la montagne et l’environnement. Développer une pratique qualitative du ski, notamment en imaginant de nouvelles formes telles que la free-rando, la découverte de panoramas alpins au sommet des remontées, etc.
La Clusaz, un village de montagne résilient

Pour imaginer un village positif, tourné vers de nouvelles alternatives, il ne faut pas redouter l’évolution. L’idée est de penser à une montagne résiliente face aux crises sanitaires, environnementales, économiques et sociales. « Ne pas laisser s’installer des friches touristiques comme il y a des friches industrielles », mais poursuivre un développement raisonné, où la station souhaite s’engager dans la réhabilitation, le réchauffement des lits froids, l’accession à la propriété à des prix raisonnables pour les habitants, l’aménagement de logements pour les saisonniers et naturellement l’entretien et la valorisation du patrimoine local. C’est une voie étroite certes, mais un pari possible à l’image des crêtes de nos montagnes.
Aménager des espaces de travail, créer les conditions d’une activité et d’une fréquentation à l’année, penser 4 saisons, imaginer de nouvelles formes d’attractivité… sont autant de pistes sur lesquelles travaille La Clusaz.
Mais pour fixer une population et financer la transition, il est essentiel de maintenir le ski existant, de réussir à adapter notre économie pour relever les défis de la durabilité et anticiper les évolutions liées au changement climatique et bien sûr, de préserver la ressource en eau. Préparer l’avenir, c’est s’adapter.
Le bassin de La Colombière : un projet qui correspond à la transition économique et environnementale souhaitée
Le premier adjoint de la commune de La Clusaz Michaël Donzel a présenté les 11 sites de la commune susceptibles d’accueillir la retenue collinaire. L’économie et l’environnement font partie des « grands équilibres » qu’entend préserver l’équipe municipale. D’où l’importance de cette retenue collinaire d’eau « potable, indispensable à la population, aux troupeaux et pour conforter la neige de culture nécessaire au ski et à la transition ».
Le conseil municipal du 29 avril dernier a décidé à la quasi-unanimité de retenir le site de La Colombière pour réaliser le projet. Le Maire a proposé de rencontrer l’ensemble des opposants au projet et saisir le préfet de l’organisation de l’enquête publique.